Raisonnements
Objectifs
Ce module est consacré au langage et au raisonnement en
mathématiques ainsi qu'à la théorie des ensembles. Son objectif
essentiel est que de donner tout son sens à une proposition écrite
avec des symboles mathématiques et d'apprendre à les utiliser avec
précision (et non comme des abréviations).
Documents
- F. Liret et D. Martinais, Mathématiques pour le DEUG,
Algèbre 1ère Année (Dunod), chapitre 1
- A. Auzimour et F. Petit, Travaux dirigés
d'algèbre (Vuibert)
- A. Denmat et F. Héaulme, Algèbre générale (Dunod), td 1
Guide
Outils de base
Assertions
Cependant, tous les exemples
qui précèdent et qui sont pris dans le langage courant peuvent être sujet à caution, ils servent juste à faire le
passage avec les mathématiques. Et même en mathématiques, on fait souvent ce qu'on appelle
des
abus de langage.
Une autre différence entre la vie courante et les mathématiques est la suivante :
une des règles du jeu mathématique est que ce qui
n'est pas affirmé comme vrai ne doit pas
être utilisé. Il n'y a donc pas de sous-entendu comme dans la vie
courante. Par exemple, l'affirmation
Les filles de ce cours sont excellentes ne dit ni ne prétend rien sur
le niveau
des garçons comparativement.
Connecteurs
Les
connecteurs
et et
ou sont liés
à l'
intersection et à la
réunion des ensembles et la
négation est liée
au
complémentaire d'un ensemble
Si \calP est une assertion, non \calP est l'assertion qui est vraie si \calP est fausse et fausse si \calP est vraie. Remarquez que cette définition contient la règle du tiers exclu : Une assertion \calP est vraie ou fausse.
Ce sont des moyens de produire une nouvelle
assertion à partir de deux autres : par exemple
et <----->
est l'ensemble des éléments qui appartiennent
à
X et à
Y.
ou <----->
est l'ensemble des éléments qui appartiennent
à
X ou à
Y.
non <----->
est l'ensemble des éléments qui
n' appartiennent pas à
X.
Quantificateurs
Les quantificateurs sont
-
quelquesoit noté
-
il existe
noté
.
Les notions de limite et de continuité
sont définies par des énoncés mathématiques utilisant des
quantificateurs. Pour bien comprendre ces notions, il est important
que le sens et l'usage de ces quantificateurs soient maîtrisés déjà
dans les
situations simples qui sont proposées ici.
Exercice :
Le langage courant utilise tout le temps des
quantificateurs. Essayez
de les détecter et donnez la négation des assertions qui les
utilisent dans l'exercice
Négation
.
Exercice : Écrire à l'aide de quantificateurs les
phrases suivantes
: tous les guichets sont fermés certains jours
: certains jours tous les guichets sont fermés
Ecrire leur négation en langage courant et avec des quantificateurs.
Solution
(P) tous les guichets sont fermés certains jours :
(Q) certains jours tous les guichets sont fermés :
(non P ): certains guichets sont ouverts tous les jours :
(non Q ): tous les jours, il y a un guichet d'ouvert :
Vous pouvez remarquer que c'est plutôt plus simple mathématiquement :
on remplace
par
, on remplace
par
et
on remplace
g est fermé
par sa négation qui est ici
g est ouvert
Exercice :
On note
P l'ensemble des portes d'un lycée qui
sont munies d'une
serrure et
C l'ensemble des clés que possède le concierge de ce
lycée. Quel est le
sens en français courant et concret des
assertions mathématiques suivantes :
Implication
Il est important de bien connaître le sens du symbole
, c'est-à-dire de
l'
implication
Si P et Q sont deux propriétés
(assertions), P
Q (qui se lit
P implique Q )
est la propriété
non P ou Q.
En particulier,
peut être vraie ou faux, il s'agit
d'une assertion.
Cependant, par abus de langage, il arrive à tout le monde de dire
"On a
" ou pire, " si
, alors ...."
Condition nécessaire, condition suffisante
Quelques rappels sur conditions nécessaire, condition suffisante :
Dans le langage courant,
condition nécessaire, condition
suffisante, condition nécessaire et suffisante
peuvent se dire d'autres manières en utilisant les mots
si
,
seulement si...
Exercice
sur la
notion de condition nécessaire et condition suffisante
.
Contraposée
Contraposée
La
contraposée de
l'implication
P
Q
est l'implication
non Q
non P . C'est une
assertion équivalente à l'implication.
Pour démontrer qu'une implication est vraie, il suffit de démontrer que sa
contraposée
implication l'est. Il arrive souvent que la
propriété contraposée soit plus "évidente''
à l'intuition que la propriété elle même.
Par exemple :
Pour montrer que l'implication
est vraie ,
il suffit de vérifier que
est vraie,
ce qui est évident.
L'étude de la contraposée peut aussi éclairer
l'affirmation suivante:
si
P est
fausse, alors
P
est vraie.
En effet on admet plus
facilement que si P est fausse, c'est-à-dire si non P est vraie,
la contraposée non Q
non P
est vraie,
puisque non P est vraie.
Une implication et sa contraposée ont donc même valeur de vérité.
Contraposée et réciproque
Il ne faut pas confondre la contraposée d'une implication avec l'
implication réciproque :
La réciproque de l'implication est l'implication (il s'agit donc d'une autre assertion)
Donnons un exemple en langage courant :
S'il pleut, le sol est mouillé
a pour
contraposée :
si le sol
n'est pas mouillé, il ne pleut pas
énoncé plus couramment
le sol est
sec, donc il ne pleut pas.
Ces deux implications sont vraies et
équivalentes. La
réciproque est :
si le sol est mouillé, il pleut.
Cette implication est fausse, le sol peut être mouillé par le passage
du camion municipal de nettoyage ou bien par de la neige qui a fondu.
Exercice sur les
contraposées et réciproques
dans le langage courant.
Attention quand même aux
pièges de la vie courante !
Exercice sur les
contraposées et réciproques
en mathématiques.
Contraposée et réciproque : pièges de la vie courante
Et en fait dans la vie courante de même que ce qui n'est pas dit est souvent sous-entendu, on confond très souvent contraposée et réciproque : par exemple, si on vous dit
si tu es sage ce matin, tu auras du chocolat cet après-midi
la
contraposée est
Si tu n'as pas de chocolat cet après-midi, tu n'as pas été sage ce matin
et la
réciproque
Si tu as du chocolat cet après-midi, tu as été sage ce matin.
Enfin, la
contraposée de la réciproque est
Si tu n'est pas sage ce matin, tu n'auras pas de chocolat cet après-midi.
Ce qui n'est pas équivalent à la première phrase.
Mais c'est en général cette dernière affirmation qui est dans la tête de celui qui prononce la première (en appliquant des principes d'éducation positive !)
Raisonnements
Règles de raisonnement
Il y a trois règles (principes) suivants qui s'appliquent tout le temps :
- si P est vraie et P
Q vraie,
alors l'assertion Q est vraie.
Cette règle est en fait une définition de ce que signifie qu'une implication
est vraie. On l'emploie tout le temps sans même s'en rendre compte.
Exemple
Considérons la fonction
f définie sur
par
f(
x)=
x3+1.
L'implication
f est dérivable sur
f est continue sur
est vraie.
Comme
f est dérivable sur
,
f est continue sur
.
- Si P est vraie, si P Q vraie, si Q
R est vraie, alors R est vraie.
C'est ce qu'on appelle un syllogisme.
-
Raisonnement par dichotomie ou séparation des cas : on essaye un cas puis l'autre.
Le raisonnement par séparation des cas consiste à énumérer les cas
possibles.
Exemple
Exercice :
Trois frères Alfred, Bernard et Claude ont des crayons de couleur différente
bleu, rouge et vert.
De plus, les assertions suivantes sont vraies :
- Si le crayon d'Alfred est vert, alors le crayon de Bernard est bleu ;
- Si le crayon d'Alfred est bleu, alors le crayon de Bernard est rouge ;
- Si le crayon de Bernard n'est pas vert, alors le crayon de Claude est bleu
- Si le crayon de Claude est rouge, alors le crayon d'Alfred est bleu.
Que peut-on conclure sur la couleur respective
des crayons d'Alfred, Bernard et Claude? Y a-t-il plusieurs possibilités ?
Aide : Faites l'hypothèse que le crayon d'Alfred est vert et voyez ce qu'on peut en déduire. Si vous en déduisez que le crayon d'un autre est à la fois de deux couleurs différentes ou que deux des frères ont des crayons de même couleur, c'est que cela n'est pas possible. Faites alors une autre hypothèse.
Solution : Le crayon d'Alfred est rouge, celui de Bernard est vert et celui de Claude est bleu.
Les autres types de raisonnement sont
Raisonnement par l'absurde
Le
raisonnement par l'absurde consiste à supposer
le contraire de ce
que l'on veut démontrer, puis par des déductions logiques (utilisant
l'hypothèse) à aboutir à une absurdité.
Exemple :
On veut démontrer que
n'est pas un rationnel. Pour cela,
on va supposer que
est rationnel. On écrit
avec
p
et
q des entiers premiers entre eux. On va ensuite déduire de
l'équation
q2 = 2p2 que
p et
q sont pairs.
Ce qui est en contradiction avec le choix de
p et
q qu'on a fait
(ils sont premiers entre eux).
Parfois on traite de raisonnement , par l'absurde, un simple
raisonnement utilisant la contraposée. Par exemple,
- on veut démontrer que
est vraie,
- on suppose non ,
- on finit par démontrer non et on se dit en contradiction avec mais ne nous a pas
servi. Il n'y a donc pas de contradiction mais une simple contraposée.
Raisonnement par disjonction des cas
Pour montrer une propriété par disjonction des cas, on la prouve dans un nombre fini de cas,
ces cas couvrant tous les cas possibles.
Exercice :
Montrer qu'il existe deux irrationnels
a et
b tels que
ab
soit rationnel.
Aide
Raisonner selon que
est
rationnel ou non.
Solution
Rappelons que
est irrationnel.
Soit
est rationnel, soit il ne l'est pas et alors il est irrationnel.
- Si
est rationnel, on a fini.
Les nombres a=
et b=
conviennent.
- Sinon
les nombres
et
sont
irrationnels et
ab vaut 2.
Il est peu probable que le premier cas se produise et il ne se produit même pas, mais nous n'avons pas eu besoin de le montrer.
Un scénario de Lewis Carrol
Considérons le problème suivant sachant que
chacune des assertions
suivantes est vraie :
-
Ou le malfaiteur est venu en voiture, ou le témoin s'est trompé ;
-
Si le malfaiteur a un complice, alors il est venu en voiture ;
-
Le malfaiteur n'avait pas de complice et n'avait pas la clé ou bien
le malfaiteur avait
un complice et avait la clé ;
-
Le malfaiteur avait la clé.
Que peut-on en conclure ? Si on remplace la dernière par
le malfaiteur n'avait pas la clé, peut-on conclure ?
Un problème
Exercice :
Trois frères Alfred, Bernard et Claude ont des crayons de couleur différente
bleu, rouge et vert.
De plus, les assertions suivantes sont vraies :
- Si le crayon d'Alfred est vert, alors le crayon de Bernard est bleu ;
- Si le crayon d'Alfred est bleu, alors le crayon de Bernard est rouge ;
- Si le crayon de Bernard n'est pas vert, alors le crayon de Claude est bleu
- Si le crayon de Claude est rouge, alors le crayon d'Alfred est bleu.
Que peut-on conclure sur la couleur respective
des crayons d'Alfred, Bernard et Claude? Y a-t-il plusieurs possibilités ?
Aide : Faites l'hypothèse que le crayon d'Alfred est vert et voyez ce qu'on peut en déduire. Si vous en déduisez que le crayon d'un autre est à la fois de deux couleurs différentes ou que deux des frères ont des crayons de même couleur, c'est que cela n'est pas possible. Faites alors une autre hypothèse.
Solution : Le crayon d'Alfred est rouge, celui de Bernard est vert et celui de Claude est bleu.